Made In Cameroon Magazine- Le 31 décembre 2025 marquera un tournant décisif pour la filière cacaoyère camerounaise. Le marché européen, principal débouché des fèves de cacao du Cameroun, impose de nouvelles règles du jeu, et elles sont strictes.
Les producteurs devront se conformer à sept exigences du Règlement sur la déforestation de l’Union européenne (UE), un véritable défi pour un secteur qui a longtemps prospéré sans ces contraintes.
L’Union Européenne sonne le glas de la déforestation
L’objectif est clair : lutter contre la déforestation. L’UE, consciente de l’impact de sa consommation sur les forêts mondiales, entend réduire son empreinte écologique.
« Il s’agit de fixer des règles pour pouvoir autoriser sur leur marché les produits qui ne contribuent pas à la déforestation. C’est un effort de lutte contre la déforestation et les changements climatiques », explique Ghislain Fomou, expert technique forêt à l’Institut européen de la forêt.
Biodiversité et droits humains au cœur des exigences
Les exigences de l’UE vont bien au-delà de la simple protection des arbres. Elles englobent le respect des droits d’utilisation des terres, la protection de l’environnement, le respect des droits des tiers, du travail, et des droits humains protégés par le droit international, le principe du consentement libre concernant les droits des peuples autochtones, ainsi que le respect des réglementations en matière de fiscalité, de lutte contre la corruption, de commerce et de douanes.
Pour les cacaoculteurs camerounais, cela signifie un changement radical de leurs pratiques. « Il y aura des changements dans l’extension des parcelles. Le cacaoculteur ne devra plus étendre ses parcelles dans la forêt. C’est la première grosse exigence », souligne Ghislain Fomou.
Dans son programme de cacao durable de l’UE, indique par ailleurs que « Les bordures de cours d’eau sont des écosystèmes particulièrement fragiles dans lesquels le cacao est souvent produit. Cela entraîne des risques de dégradation potentiellement élevés. De plus, certaines espèces protégées de faune peuvent se retrouver dans les exploitations agricoles, et il peut exister des pratiques de chasse illégale dans les exploitations proches des forêts naturelles et des aires protégées ».
Si ces exigences représentent un défi de taille pour les producteurs, elles constituent également une opportunité de moderniser la filière cacaoyère camerounaise et de la rendre plus durable.
En adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement et des droits humains, le Cameroun pourra non seulement conserver son accès au marché européen, mais aussi renforcer sa position de producteur de cacao de qualité.
En somme, dès le 1er janvier 2026, les fèves camerounaises qui accèderont au marché de l’Union européenne seront celles qui sont issus des champs qui respectent :
- La protection de l’environnement (pas de déforestation)
- Le droit d’utilisation des terres
- Les droits des tiers
- Les droits de l’homme
- Le principe du consentement libre concernant les droits des peuples autochtones
- Les réglementations en matière de fiscalité, de lutte contre la corruption, de commerce et de douanes
- La protection des espèces animales et végétales.