Made In Cameroon Magazine- L’œuf, aliment de base dans de nombreux foyers camerounais, se fait de plus en plus rare sur les étals. En 2024, la production a chuté de près de 30%, un coup dur pour les producteurs et les consommateurs. En effet, à la date du 1er décembre 2024, le pays n’a produit que 95 501 tonnes d’œufs de table, contre 123 100 tonnes enregistrés en 2023 à la même période. Des données accessibles à travers le document du Programme économique financier et culturel du gouvernement pour l’exercice 2025.
Derrière cette pénurie se cache une crise profonde de la filière avicole, fragilisée par plusieurs facteurs.
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Production d’œuf : La facture s’alourdit
Le principal coupable ? L’explosion des coûts de production. Le maïs, ingrédient essentiel de l’alimentation des volailles, a vu son prix tripler en quelques mois, conséquence directe des mauvaises conditions climatiques qui ont ravagé les plantations. Par conséquent, le prix du kilogramme de maïs est passé de 130 Fcfa pour à 310 Fcfa, soit une augmentation de 138,4% depuis le début d’année.
Face à cette situation intenable, de nombreux éleveurs ont jeté l’éponge. Les effectifs de poulets et de pondeuses ont drastiquement diminué, plombant la production. De 9 à 10 millions de sujets en 2016, nous en sommes à 5 millions aujourd’hui. Du côté des poussins d’un jour, la production a drastiquement baissé avec 400 00 poussins en 2024 contre 900 000 mille en 2016.
Des initiatives pour relancer la filière
Pour tenter de renverser la tendance, les acteurs de la filière se mobilisent. L’Interprofession avicole du Cameroun (IPAVIC) a mis en place plusieurs initiatives, notamment la création d’un couvoir d’une capacité de 57 600 œufs pour la région du Nord et de l’Extrême-Nord. Aussi, une unité de production de poussins d’un jour d’une capacité de 350 000 sujets pour la région du Nord-Ouest a été mise en place pour soutenir les jeunes éleveurs.
La Société de Provenderie du Cameroun (SPC) a également annoncé en 2022 un projet d’augmentation de sa capacité de production de provende de 50% par an, afin de réduire les coûts pour les éleveurs. Un projet dont les résultats sont encore attendus car la société a inauguré sa nouvelle unité de production en avril dernier.
Un défi à relever
Si ces initiatives sont encourageantes, le chemin reste long pour remettre la filière avicole sur les rails. Les aviculteurs doivent faire face à de nombreux défis, tels que la concurrence des produits importés, les maladies aviaires comme en 2020 et le changement climatique qui rend la culture du maïs difficile.
Pour sortir de cette crise, il est urgent de mettre en place des politiques publiques ambitieuses, visant à soutenir les producteurs et à développer la filière. Des mesures telles que des subventions sur les intrants, des facilités d’accès au crédit et la mise en place d’une assurance agricole pourraient faire la différence.
L’avenir de la filière avicole camerounaise est en jeu. Il appartient à tous les acteurs de se mobiliser pour trouver des solutions durables et permettre à ce secteur vital de retrouver son dynamisme.