Made In Cameroon Magazine– Il est plus connu pour les Laboratoires Biopharma, le géant du marché de la cosmétique au Cameroun. M. Francis Nana Djomou est aussi présent dans d’autres secteurs : agroalimentaire, finance, tourisme et hôtellerie. Cependant, il s’est lancé dans ces autres secteurs plus de 10 ans après le premier.
Se concentrer sur une seule entreprise au départ et diversifier son activité ensuite
Si nous vivons dans une société où nous avons « 800 idées par seconde », cela traduit notamment les nombreux rêves qui nous traversent l’esprit. Ces « 800 idées par seconde », doivent-elles pour autant être concrétisées l’instant d’après le moment de réflexion où elles nous sont apparues comme un éclair de lucidité ou d’intelligence ? En observant l’histoire du milliardaire Francis Nana Djomou, la réponse a plus de chance d’être un grand « NON ».
Les Laboratoires Biopharma, sa première entreprise, naissent en 2001. Depuis 1993, il était de retour au Cameroun, après des études en management, gestion des entreprises et en communication des échanges à la Sorbonne en France. Avec de telles études, il peine à trouver un emploi et se lance dans la distribution et dans la maintenance informatique.
Mais il sera découragé par les départs réguliers de ses collaborateurs qui allaient ouvrir leurs propres boîtes. Il est surtout gêné de toujours devoir reprendre avec de nouvelles recrues.
Même si ce business allait à merveille, il abandonne et s’intéresse à la cosmétique : représentant des marques étrangères, dont les produits ne sont à la portée que de la classe bourgeoise. Francis voudrait par contre toucher à une plus large cible, la classe moyenne camerounaise.
C’est ainsi qu’il aura la brèche : fabriquer soi-même les produits pour pouvoir avoir des prix de vente plus bas que les marques importées. Ce rêve, il a travaillé dessus pendant plusieurs années, conquérant non seulement le marché local mais aussi continental.
Présent dans plus de 22 pays africains, les Laboratoires Biopharma possèdent plus 80 références sur le marché et une quinzaine de marque. Ils revendiquent 20 % du marché camerounais et exportent 60 % de la production vers l’étranger.
Après s’être solidement enraciné dans ce domaine, le milliardaire s’est engagé en 2013 dans l’agroalimentaire. Il s’attaque donc au marché des bouillons culinaires avec le cube « Jumbo ». Une aventure qui a connu une triste fin en 2019.
Cependant, entretemps, il a également lancé Elim Beverage and Foods spécialisé dans la production et distribution des boissons gazeuses et jus de fruits ; FooDis, spécialisé dans les boissons alcoolisées.
En 2016, le fils de gendarme investit plus de 2 milliards FCFA dans la création d’un village de vacances dans son village à Bangou. Ainsi sort de terre le Tagidor Garden Ressort and Spa sur une superficie de 20 ha, donc l’objectif premier est d’abriter une équipe participante à CAN 2021. Pour terminer, il possède également Royal Onyx Insurance CIE, une société d’assurance basée à Douala.
“Il nous réduira à l’état de consommateurs. Nous aurions dû travailler à l’amélioration des facteurs de compétitivité”
La communication, une arme très importante pour un entrepreneur
Bien d’observateurs s’accordent à souligner que le succès des Laboratoires Biopharma est inextricablement lié à sa communication soutenue et consistante. Dans les médias traditionnels et en dehors à travers l’affichage, l’entreprise a réussi à arracher l’adhésion de nombreux consommateurs.
Avec la montée en puissance du numérique et ses réseaux sociaux, le groupe du milliardaire a également muté sur ces plateformes, créant au passage des comptes ou pages Facebook pour les marques les plus en vue. Question de créer plus de proximité avec le public consommateur. Grâce à la même communication, le cube Jumbo a rivalisé d’adresse avec Maggi de Nestlé et le Tagidor se fait également connaître au-delà des frontières camerounaises.
Un tissu industriel africain puissant
Le milliardaire Francis Nana Djomou a été jadis connu comme un homme d’affaires libre, libre de l’influence de tout parti politique. Du moins, c’est ce que révélait le magazine Jeune Afrique il y a une décennie. Les choses, ont-elles changé entre temps peut-être ; toujours est-il que l’homme d’affaires de Bangou a toujours exprimé ses opinions.
Il croit en une économie africaine forte et puissante, qui repose sur un tissu industriel solide. Un tissu industriel qui crée des milliers d’emploi pour les jeunes africains qualifiés.
En 2014, il affichait déjà son opposition à l’accord de partenariat économique (APE) entre les pays de la CEMAC et l’Union européenne. « Il nous réduira à l’état de consommateurs. Nous aurions dû travailler à l’amélioration des facteurs de compétitivité tels que les coûts de l’électricité, du téléphone, etc., au lieu de nous précipiter vers cette ratification », avait-il confié à Jeune Afrique.
Deux ans plus tard, il n’avait pas changé d’opinion : « (…) l’accord de partenariat économique entre l’Union européenne et l’ensemble des pays de la Cemac risque de ne pas arranger les choses. Pourquoi ? Parce qu’il est plus facile d’exporter depuis l’Europe, l’Asie ou encore les États-Unis vers nos pays que d’exporter entre nous. Les produits importés deviendront encore plus compétitifs que les nôtres, et cela risque de fragiliser l’appareil industriel embryonnaire que nous mettons sur pied », déclarait-il au même média en 2016.
Au-delà d’être un homme d’affaires ou entrepreneur avec diverses entreprises solidement implantées, Francis Nana Djomou fait partie des entrepreneurs qui militent ouvertement pour un commerce interrégional africain plus développé. Il est pour une libre circulation des biens et des personnes à travers les frontières des pays du berceau de l’humanité.