Made In Cameroon Magazine– Le Cameroun franchit un nouveau cap dans sa politique agricole. En supprimant la TVA sur les farines locales produites à partir de maïs, de patate, de manioc et de banane plantain, le gouvernement espère stimuler leur production et leur consommation. Cette mesure, inscrite dans la loi de finances 2025, devrait entraîner une baisse significative des prix, rendant ces produits plus attractifs pour les consommateurs et les industriels.
Les retombées de cette suppression de la TVA sur les farines locales au Cameroun
En privilégiant les farines locales, le Cameroun vise à réduire sa dépendance aux importations de blé, qui pèsent lourdement sur sa balance commerciale. Chaque année, le pays dépense des milliards de francs CFA pour importer cette céréale (178 milliards FCFA en 2023), principalement utilisée pour la fabrication du pain et des pâtisseries. Cette nouvelle politique s’inscrit dans une volonté de promouvoir l’import-substitution et de renforcer la sécurité alimentaire du pays.
Par ailleurs cette suppression de TVA pour conduire à l’augmentation de la demande, entraîné par la baisse des prix. Ce qui peut bénéficier aux producteurs en termes de volume de ventes.
Des mesures concrètes pour accompagner cette transition
Pour accompagner cette transition, le gouvernement met en œuvre plusieurs mesures :
- Adaptation des normes : La norme de fabrication du pain a été modifiée pour permettre l’ajout de farines locales jusqu’à 15%.
- Formation des producteurs : Des formations sont organisées pour enseigner aux producteurs les techniques de transformation des farines locales en produits finis. En effet, le ministère de la Jeunesse et de l’éducation civique a lancé en 2023 la formation des formateurs qui devraient former à leur tour près de 400 jeunes dans la production des pâtisseries à base de farines locales.
- Création d’une plateforme : Une plateforme a été créée pour fédérer les producteurs et favoriser le développement de la filière. Il s’agit de la Plateforme des Promoteurs des Farines Locales au Cameroun (PROFACAM). Elle « se veut un cadre de collaboration pour la mutualisation des efforts pour le développement et la promotion des farines locales ainsi que la défense des intérêts professionnels communs de ses membres ».
- Ambitieux objectif de production : Le gouvernement vise à produire 5 millions de tonnes de farines locales d’ici 2030.
Des défis à relever
Si les objectifs sont ambitieux, la route est encore longue. La production actuelle de farines locales est encore loin de répondre à la demande. Les industries meunières, conçues pour le blé, devront investir pour s’adapter aux nouvelles matières premières. Ce qui demande de grands investissements à injecter dans le secteur. De plus, il faudra convaincre les consommateurs de changer leurs habitudes et d’adopter les farines locales. Ce que le gouvernement espère du moins avec la suppression de la TVA.
Un enjeu de souveraineté alimentaire
La promotion des farines locales est un enjeu de souveraineté alimentaire pour le Cameroun. En réduisant sa dépendance aux importations, le pays gagne en autonomie et renforce la résilience de son système alimentaire. Cette transition pourrait également créer de nouvelles opportunités économiques pour les agriculteurs et les industriels locaux.
En misant sur ses ressources locales, le Cameroun espère ainsi diversifier son agriculture, réduire son empreinte écologique et améliorer la nutrition de sa population.