Made in Cameroon Magazine – Ce joyau, soigneusement conçu et magnifiquement sculpté par le génie créatif du PDG de l’entreprise ART PRO CONSTRUCTION, NJI MFOUAPOM HASSAN NJIMBAH, est bien plus qu’un simple meuble ; il est un hommage aux traditions et à la culture du peuple Bamoun. Mais aussi un signe de reconnaissance à l’endroit du Roi 20 qui a anobli deux fils du village Malatam : NJI CHEIKH ALI et NJI MFOUAPOM.
Il serait intéressant de revenir sur l’histoire du symbole qui cadre ce trône, notamment le serpent à deux têtes. Rappelons que, le serpent à deux têtes chez le peuple Bamoun est souvent affilié à la traitrise, la sournoiserie au sein l’opinion populaire. Mais, l’histoire révèle autre chose.
En effet, la double cloche, l’araignée et le serpent à deux têtes sont trois symboles et armoiries du peuple Bamoun. Fondé au 14eme siècle par la dynastie d’origine Tikar, ces trois symboles représentent respectivement la sagesse, la paix et la force du peuple Bamoun. Abordons cette fois leur force, représenté par le serpent à deux têtes.
Des intellectuels comme Tita Isaac PA’Re et Dr NJIASSE NJOYA ont aussi tenté de restituer l’origine exacte du symbole du serpent bicéphale. Le serpent à deux têtes trouve donc son origine lors de la guerre de MAPOU qui a lieu vers le début du 19ème siècle entre le roi MBUEMBUE (MBUOUMBUO) d’une part et les POU de l’autre côté.
Les Bamoun se battaient contre les POU depuis quelques années. Mais ceux-ci résistaient farouchement. Ils disposaient d’un monstre effrayant conçu pour semer la terreur dans le camp adverse chaque fois que ces envahisseurs les acculaient dans leur dernier retranchement. Le monstre était appelé Sânumpût, ce qui signifie en français « haut jusqu’à mordre le ciel ».
C’était un reptile artificiel géant qu’on utilisait de telle sorte qu’il passait la tête au-delà des branches d’arbres pour menacer les guerriers Bamoun. Cet engin infernal avait été conçu par Manchou, un serviteur du roi de MAPOU.
Un jour Manchou fut sévèrement réprimandé par son roi pour une vague histoire de repas au palais. Vexé et blessé dans son amour propre, il fit défection et passa dans le camp du roi MBUEMBUE à qui il révéla le secret du Sânumpût et en fit la démonstration devant les guerriers au palais de Foumban.
L’année suivante, lorsque cessèrent les pluies, le Roi MBUEMBUE reprit sa campagne contre les MAPOU et lorsque sortit le monstre Sânumpût, aucun guerrier Bamoun ne recula. Alors que les Bamoun étaient sur le point de vaincre les MAPOU ; ils furent attaqués sur la frontière Ouest au bord du fleuve NOUN par les Mgbètnka. Le roi envoya un contingent de ce côté pour stabiliser la situation.
Quand il battit le roi POU, il se porta ensuite sur les bords du Noun avec le gros des forces et il battit les Mgbètnka. Le roi Bamoun obtint une double victoire et pour célébrer sa victoire, il décida d’en faire un symbole : le serpent à deux têtes, symbolisant la toute-puissance de ce peuple qui a vaincu deux ennemis en même temps.
Comme récompense, MANCHOU devint un grand notable du palais Bamoun. Le serpent à deux têtes est le symbole de la double puissance du roi MBUEMBUE. On sculpta désormais ce symbole sur les lits, les sièges et d’autres objets royaux exclusivement, comme aujourd’hui le nouveau trône du Roi.
Célébrons donc ce trône dont chaque détail reflète non seulement la richesse culturelle des Bamoun, mais aussi le respect et l’admiration pour le Roi Bamoun.