[Made In Cameroon Magazine]-Comment est-on arrivé à une bouteille d’un litre d’huile raffinée à 1700 Fcfa au lieu de 1200 Fcfa comme annoncé par le ministère du Commerce ? Et le litre d’huile rouge à 1000 francs Fcfa au lieu de 700 Fcfa ? C’est la préoccupation de nombreux consommateurs depuis le mois de novembre 2021. L’huile de palme, brute ou raffinée s’est raréfiée, entraînant la flambée des prix. L’Asroc a voulu savoir les causes de ce phénomène.
En première ligne, les manœuvres spéculatives de plusieurs commerçants. « La structure de coût du prix de l’huile végétale donnait un prix de revient à 1415 Fcfa et 1450 Fcfa . Mais, nous avons décidé, au regard du prix de référence, d’être en dessous de cela, pour éviter la contrebande. Nous avons donc baissé nos marges. Ce sont les commerçants véreux qui ont fait envoler les prix », a déclaré lors de la conférence de presse le secrétaire de l’Asroc Jaquis Kemleu Tchabgou.
En seconde ligne l’association a annoncé un déficit structurel de l’huile de palme brute au Cameroun. Ce déficit est actuellement chiffré à 160 mille tonnes, alors qu’il culminait à 130 mille tonnes durant les années antérieures. L’Asroc a expliqué cette augmentation de 30 mille tonnes notamment par l’entrée en jeu de nouvelles sociétés de raffineries d’huile de palme et l’augmentation des capacités de raffinage des sociétés préexistantes.
La demande nationale annuelle en huile de palme est bien plus forte. 1,5 million de tonnes environ, c’est son estimation. Selon les experts, elle pourrait passer à deux millions de tonnes d’ici la fin de l’année. Pourtant, la production annuelle locale ne fait qu’à peine 400 mille tonnes. Bien plus, les usines de raffinage d’huile ne fonctionnent même pas 50 % de leurs capacités.
143 mille tonnes à importer
L’Asroc a obtenu l’autorisation du ministère des Finances le 31 janvier dernier. Elle envisage cette importation comme une solution à ce déficit structurel en attendant que la production locale se dopent de moyens pour se relancer. Ces 143 mille tonnes sont en même temps le plus gros chiffre depuis cinq ans. En 2017, le Cameroun a importé 96 mille t d’huile de palme brute. En 2018, la courbe est montée à 100 mille. En 2019, elle est redescendue à 80 mille, puis 70 mille en 2020. Les chiffres ont reconnu la hausse en 2021, avec de nouveau 100 mille tonnes d’huile de palme brute importées. Avec le surplus de 43 mille tonnes, l’Asroc espère combler la demande domestique et préserver les emplois. Par ailleurs, la Cameroon Development Corporation (Cdc) a annoncé en janvier 2022 vouloir réhabiliter 1500 hectares de ses palmeraies environ, avec en plus, la construction d’une huilerie. Ce projet est probablement une bouffée d’oxygène pour ce secteur en pleine difficulté.