[Made In Cameroon Magazine]- Ces nouvelles décisions s’inscrivent dans la mise en œuvre de la politique de l’import-substitution engagée par le gouvernement. Il s’agira en effet de rendre les conditions un peu plus difficiles aux importateurs, afin de donner un peu plus de chance aux producteurs locaux.
Pour y arriver, le gouvernement a proposé au chef de l’Etat un certain nombre de mesures dont « la suppression des exonérations sur les importations portant sur les produits fabriqués localement ou disposant des substituts locaux, ainsi que celles nuisant au développement de certaines filières afin d’encourager leur production locale et leur compétitivité », peut-on lire dans le document.
En d’autres termes, les importateurs des marchandises pouvant être produites localement telles que le riz, la farine de blé, le savon, le chocolat, les huiles végétales, etc ne bénéficieront plus des réductions à la taxe douanière qu’ils ont eues jusqu’ici. Cette mesure aura donc pour principal objectif de décourager les importateurs.
Sera effective à partir de 2023 également, « la mise en œuvre du plan de soutien à la production et à la transformation des principaux produits d’importation (riz, maïs, blé, soja, mil, sorgho, poisson, lait…) ». Dans cette optique d’ailleurs, d’autres décisions sont en cours d’exécution. Le 5 juillet 2022 par exemple, le ministre des Finances Louis Paul Motaze a reçu l’ordre du président de la République pour la mobilisation de 10,5 milliards FCFA pour subventionner l’Institut de Recherche agricole pour le Développement (Irad) pour la production du blé.
Pour le riz, l’Etat du Cameroun a décroché un crédit de 52 milliards Fcfa de la Banque islamique de Développement (BIsD) au mois de juin pour financer la production locale.
Bien plus, cette circulaire du 23 août prévoit également « l’allègement de la charge fiscale sur les biens d’équipement et de production importés, ne disposant pas d’équivalent local… ». Cette décision aura pour but de diminuer les coûts de la production, principale cause de la cherté des produits locaux.
Tenez le pain par exemple, la baguette de 125 grammes en farine de blé est actuellement vendue à 150 francs Cfa. Tandis que la même baguette à base de farine locale, telle que la farine de maïs, de patate douce, de manioc ou de pommes de terre coûte 500 francs Cfa. Les boulangers fustigent non seulement la difficulté de produire ces farines, mais aussi les tracasseries douanières liées à l’importation du matériel.
Augmentation du taux d’inflation
Cependant, l’application des décisions de la circulaire du président de la République risque d’augmenter le taux d’inflation au Cameroun. Etant donné que les importateurs voudront répercuter les coûts supplémentaires de la taxation douanière sur les prix des marchandises sur le marché.
Face à cette préoccupation, l’expert en politique publique François Sama Mbono interrogé par nos confrères d’Ecomatin rassure : « L’Etat, pour éviter l’inflation peut faire recours à la mise en œuvre des prix homologués et s’assurer du respect scrupuleux de ceux-ci. Vous n’avez pas le droit d’aller au-delà de certains prix (…).», a-t-il répondu.