Made In Cameroon Magazine– La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) traverse une crise économique proche de celle de 2016. Les réserves de change stockées dans le Compte d’opération ouvert dans les livres du Trésor français ont chuté drastiquement ces derniers mois, atteignant un niveau critique de 2,1 mois d’importations. Ces réserves de change sont pourtant vitales pour assurer les importations et garantir la stabilité du franc CFA en zone CEMAC.
Face à cette situation alarmante, les chefs d’État des six pays membres (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA) se réuniront en sommet extraordinaire à Yaoundé le 16 décembre 2024.
Plusieurs facteurs à l’origine
Plusieurs facteurs expliquent cette dégradation rapide de la situation économique de la CEMAC.
- Faible rapatriement des recettes d’exportation : Les entreprises du secteur extractif, notamment pétrolières, ne respectent pas leurs obligations de rapatrier une part significative de leurs recettes en devises. Malgré les mesures incitatives mises en place par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), seules 35% de ces recettes sont effectivement rapatriées.
- Dette gabonaise: Le Gabon a procédé au remboursement anticipé d’une partie importante de sa dette extérieure, en mobilisant l’épargne domestique. Cette opération a eu pour effet de réduire les réserves de change communes à tous les pays de la CEMAC car remboursée en monnaie locale.
- Reprofilage de la dette congolaise: Le Congo souhaite rééchelonner le remboursement de sa dette, ce qui pourrait fragiliser le système bancaire de la région, déjà fragilisé par des créances en souffrance élevées.
- Manque de soutien du FMI: Les fonds promis par le Fonds monétaire international (FMI) aux pays de la CEMAC pour soutenir leurs économies n’ont toujours pas été décaissés, aggravant ainsi la situation.
Les conséquences pour les populations : dévaluation du FCFA
Cette crise économique a de lourdes conséquences pour les populations de la CEMAC. Elle risque d’entraîner une hausse des prix, une réduction des investissements et une dégradation des services publics, d’éroder encore plus le pouvoir d’achat des consommateurs. Une marche certaine vers la dévaluation du Franc CFA (xaf). De plus, la fragilité du système bancaire pourrait provoquer des instabilités financières et mettre en péril l’épargne des ménages.
Les enjeux du sommet de Yaoundé
Le sommet de Yaoundé représente un tournant pour l’avenir de la CEMAC. Les chefs d’État devront prendre des décisions difficiles pour redresser la situation économique et financière de la région. La réussite de ce sommet dépendra de la volonté politique des chefs d’État à mettre en œuvre des réformes économiques profondes et durables. Si les dirigeants de la région parviennent à s’accorder sur un plan de sauvetage ambitieux, il sera possible de sortir de la crise et de construire un avenir meilleur pour les populations de la CEMAC.