[Made In Cameroon Magazine]–« Que c’est délicieux !» , s’exclamait Marie-Paule Eyenga alors qu’elle venait d’engloutir à la vitesse de la lumière un plat de riz. Le riz en question est celui de la marque Irisa, naturellement parfumé et 100 % camerounais. Il est cultivé à Yagoua dans le Mayo-Danay, région de l’Extrême-Nord. Après cette consommatrice, d’autres, mais cette fois-ci de nationalité nigériane en ont demandé 500 sacs. C’était à la 8e édition de la foire Promote qui a connu la participation de nombreuses entreprises agroalimentaires locales.
Au-delà de cette foire, le riz de Yagoua occupe une place de choix sur le marché nigérian. « J’ai plusieurs fois participé à la vente du riz de la Semry (société d’Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua, ndlr). En une journée, nous pouvions écouler plus de mille sacs. Au moins 90 % étaient embarqués par des Nigérians ou à défaut, des Camerounais qui traversent la frontière pour vendre. La demande est très forte », nous a expliqué Maïmouna Balkissou, une native du Mayo-Danay.
À l’instar de ce riz délicieux, le manioc, le pagne de la Cicam (Cotonnière industrielle du Cameroun S.A.) l’huile de palme et même le chocolat sont des produits camerounais très prisés au Nigeria. Une opportunité qu’a saisie Neba Yvonne Lumnwi, une femme d’affaires opérant sur la ligne Cameroun-Nigéria. Vendeuse de produits cosmétiques de base, elle a diversifié son offre pour satisfaire la demande nigériane avec les moyens à sa disposition. « Les Nigérians demandent beaucoup de riz, de chocolat, de savon de nettoyage, l’huile de palme, et même le lait liquide en provenance du Cameroun. J’achète mes produits cosmétiques pour les revendre au pays. Quand je repars faire le stock, j’achète du riz et de l’huile de palme. Le Cameroun-Nigeria est une ligne de business très juteux », a expliqué Yvonne Neba.
Produit jusqu’à 40 tonnes environ à l’hectare par année au Cameroun, le manioc est aussi transformé industriellement à la première puissance économique d’Afrique subsaharienne pour obtenir de la semoule, de l’amidon et d’autres produits dérivés.
Booster la production industrielle
Pour de plusieurs observateurs et acteurs de la chaîne de transit entre le Cameroun et le Nigeria, le Cameroun a besoin d’innover avec ses produits pour dompter la vaste demande nigériane. « Mon business, c’est le transport des biens et des personnes entre les deux pays, entre Oron au Nigeria et Idenau au Cameroun. Ce dernier est à la traîne parce que les produits exportés ne sont pas industrialisés. Il n’y a pas de produit manufacturé. Ce qui fait que beaucoup de marchandises pourrissent en chemin. Il devient donc impossible de couvrir la vaste demande nigériane », a expliqué Joseph Musenja au micro de Cameroon Business Today. Pour sa majesté Ekoko Mukete, opérateur économique, les producteurs agroalimentaires locaux doivent considérablement améliorer la qualité de leurs produits de façon à les arrimer aux standards internationaux pour espérer conquérir les pays voisins.
Du côté politique, les opérateurs économiques pensent que les autorités publiques devraient mettre en place des moyens de faciliter les échanges. Il s’agit par exemple de construire des infrastructures routières et organiser avec les autorités nigérianes l’accès des produits camerounais sur leurs marchés.