[Made In Cameroon Magazine]- La chicha demeure dans les habitudes des Camerounais. C’est du moins ce que laisse entrevoir le point de vente de Moussa, entouré d’environ six personnes. Cette soirée du 2 avril 2022 est en particulier fraîche, le vent souffle sur le quartier Tsinga et le ciel s’obscurcit. Moussa est un commerçant de médicaments de la rue. Son kiosque installé en bordure de route ne contient pas seulement les tablettes de comprimés.
Au bas de la troisième étagère, il fait sortir un carton de charbon pour le vendre à l’un de ses clients venu se ravitailler. C’est un principal composant nécessaire à l’installation de la pipe à eau. « En dehors des remèdes (médicaments, ndlr), je vends le charbon de la chicha. Je ne savais pas qu’on l’a interdit », fait-il savoir avant de souligner qu’il s’agit de sa principale source de revenus. « J’ai plusieurs clients qui en demandent. Je ne suis pas sûr d’arrêter de vendre le charbon, parce que les gens fument beaucoup la chicha ; et ça me rapporte beaucoup de sous ».
La pipe à eau est une drogue douce et difficile à contrôler. Les éléments qui la constituent se vendent en pièces détachées ainsi que les ingrédients. Ces ingrédients sont de différents parfums dont le choix émane des consommateurs. Madeleine invite ses amies tous les week-ends chez elle pour passer du temps.
C’est une occasion pour elles de faire à manger, de consommer de l’alcool et de tirer de bonnes bouffées de fumées. « Chaque samedi soir, chacune de mes copines vient à la maison avec une composante. L’une peut décider d’acheter du charbon et l’autre vient avec la bouteille d’alcool au parfum que nous aurons choisi. C’est un moment de simple détente », dit-elle.
« Nous savons qu’il est désormais interdit de consommer la chicha. Mais si c’est toujours disponible sur le marché, que voulez-vous que nous fassions ? », Ajoute-t-elle.
Le commerce de la chicha se porte donc bien. C’est le constat fait dans les snack-bars de la ville de Yaoundé. Dans les espaces de réjouissance, les pipes à eau sont mises à la disposition des clients. Dans une pièce sombre d’un lieu de divertissement environnant, un groupe de jeunes inhale la fumée cette pipe à cœur joie.
« C’est juste pour nous détendre que nous la fumons. Sinon, nous ne pensons pas qu’il fallait l’interdire. De toutes les façons nous la consommons toujours. Je ne vois pas le mal », lance la seule fille du groupe. L’interdiction de ce produit sur le marché peine à prendre effet. Elle sonne comme un coup d’épée dans l’eau.