[Made In Cameroon Magazine]- “Embouteillage”, qui ne l’a pas connu ? C’était l’émission qu’animait jusqu’au soir macabre du 17 janvier 2023 le chef de chaîne de la radio Amplitude Fm, date à laquelle il a été enlevé.
Très écouté dans la capitale politique, Martinez Zogo a longtemps bénéficié d’une audience large et variée, constituée de toutes les couches sociales grâce à son contenu particulier.
Plus qu’une émission de radio, Martinez Zogo a fait d’ « Embouteillage » son tribunal, où des personnalités politiques et administratives du pays passaient à la barre pour leurs actes de « corruption » ou de « détournement de deniers public ».
Il étalait jusqu’alors tous les « dossiers » de la République que personne n’aurait eu le courage d’en parler sur la place publique.
Ses méthodes n’ont pas toujours été les meilleures, pas très éthiques, ni déontologiques. Ce qui lui a valu plusieurs recadrages.
La peau dure aux sanctions
Autodidacte, Martinez Zogo a appris le journalisme sur le tas. Ce qui pouvait justifier sa façon de faire.
Mais chaque suspension était pour lui l’occasion d’annoncer un retour encore plus fracassant à l’antenne. A croire que de chaque peine purgée, il tirait beaucoup de force.
À son actif, plusieurs chefs d’accusations : « diffamation », « atteinte à l’éthique et à la déontologie professionnelle en matière de communication sociale », atteinte à l’image et à la dignité de plusieurs personnalités publiques.
Sa plus longue suspension, c’est celle de 2017, à la plainte de l’actuel président de la Fédération Camerounaise de football Samuel Eto’o.
Accusé de « déclarations non fondées se rapportant à des questions de mœurs et portant atteinte à son image », Martinez a été condamné le 22 septembre 2017 par le Conseil national de la Communication à une suspension d’antenne et d’exercice de la profession de journaliste pour une durée de trois mois.
Le 17 janvier 2020 par exemple, Martinez de son nom civil Arsène Salomon Mbani Zogo a été arrêté à son lieu de service.
Il est inculpé pour « diffamation » suite à une plainte déposée par Sylvie Biye Essono, épouse du ministre Directeur de Cabinet civil de la Présidence Samuel Mvondo Ayolo.
Contre lui pèsent des accusations de « cybercriminalité, atteinte à la vie privée et chantage ». Après deux mois de détention provisoire à la prison centrale de Nkodengui à Yaoundé, Martinez Zogo a été condamné à deux mois de prison par le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif, puis remis en liberté le 26 mars de la même année.
Le présentateur de l’émission Embouteillage a fait ses débuts au micro à Radio Tiémeni Siantou qu’il quittera pour poursuivre à Radio Magic FM après une suspension. C’est là que naît son programme Embouteillage qu’il emportera avec lui à Amplitude FM après cinq années de collaboration.
Martinez a également été en service à Royal FM, une autre radio de la capitale. Il y a occupé le poste de Directeur général adjoint n°2 chargé de l’animation en 2017.
Notons néanmoins que la carrière très controversée de ce journaliste et animateur de radio est l’expression même du courage.
Là où plusieurs langues ont choisi de se taire, Martinez Zogo a choisi d’être la voix des sans voix. Il dénonçait sans ambages les actes criminels des personnalités publiques dont il avait connaissance.